Paroissienne, Paroissien,
C’était il y a trois ans déjà, le 7 janvier 2019 nous vous invitions à venir voir au Cinéville le film « Tu ne tueras point » de Mel Gibson. Beau succès (pour le Cinéville) puisque nous étions près d’une centaine à nous être déplacés.
Aujourd’hui, confinement oblige, vous n’aurez pas à vous déplacer pour le voir (ou le revoir), puisque le film vient à vous jeudi 26 mars à 21h05 sur France 3.
Rappelons la critique louangeuse que nous en avions publiée à l’époque :
La Passion de Desmond Doss selon Mel Gibson…Desmond T. Doss a réellement vécu. Fils d’un charpentier (cela ne s’invente pas !) de Lynchburg en Virginie, Desmond est un fidèle de l’église des adventistes du septième jour. Il en résulte qu’il est acquis à l’objection de conscience et à l’interdiction de tuer. Il devra confronter ses convictions religieuses aux dures réalités de la guerre du Pacifique.
Affecté comme infirmier, il se comportera en héros lors de l’assaut de Hacksaw à Okinawa contre les Japonais, sauvant pas moins de 75 de ses camarades dans des conditions désespérément dangereuses. Onze décorations lui ont été attribuées dont la « Medal of Honor », la plus haute distinction militaire des Etats-Unis, décernée pour des faits de guerre exceptionnels et qui, en dehors de Desmond Doss, premier à la recevoir, n’a été remise à ce jour qu’à deux autres objecteurs de conscience.
Cinéaste de la bravoure et de l’héroïsme (Braveheart en 1995, Apocalypto en 2006), mais aussi de la foi chrétienne (La Passion du Christ en 2004), Mel Gibson pouvait-il ne pas s’emparer d’un tel sujet lui permettant de traiter ensemble deux sujets qui lui sont chers ? Après neuf années de silence, il revient avec une œuvre très forte qui confirme si cela était nécessaire sa maîtrise de la mise en scène et de l’esthétique, sa capacité à donner de la profondeur à ses personnages et celle de donner une dimension spirituelle à son propos. Tu ne tueras point est très solidement construit en deux parties bien distinctes qui correspondent chacune à la moitié du film.
Dans une première partie le cinéaste décrit ce qui dans l’enfance et la jeunesse de Desmond l’a amené à ce choix de l’objection de conscience, nuançant le fait que celui-ci n’est pas uniquement dû à ses convictions religieuses mais à un contexte familial où il est éprouvé par la violence dès le plus jeune âge. Mel Gibson montre ensuite comment le jeune homme qui s’est enrôlé courageusement va tout aussi courageusement porter ses convictions jusqu’au bout durant sa période de formation militaire à Fort Jackson en Caroline du Sud. Tout ceci, plus qu’au prix de simples railleries, mais à celui de brimades très violentes qui marquent le début de son chemin de croix, positionne la figure christique du personnage, et achève en même temps d’attacher le public à cet homme hors du commun, même si c’est au prix de quelques lourdeurs.
Sans aucune transition, la seconde partie plonge brutalement le spectateur dans l’horreur de la guerre dont il ne sortira quasiment qu’une heure après complètement « groggy », ou presque, tellement s’y succèdent des scènes de guerres plus hallucinantes et réalistes les unes que les autres […]
Oui, cette seconde partie est une véritable fresque sur l’horreur de la guerre dont la violence est sublimée par un traitement esthétique très remarquable avec une photographie impeccable, de sorte qu’en dépit de quelques longueurs, on peut parler d’un chaos d’une beauté effroyable.
Mais bien plus encore, cette violence est sublimée par le courage des combattants qui est exalté en même temps que celui de Desmond Doss. « Seigneur, aide-moi à en rapporter encore un » fait-il penser en voix off à son héros à chaque fois que celui-ci est parvenu au prix d’efforts surhumains à faire descendre un blessé de la falaise d’Hacksaw (d’où le titre origine du film Hacksaw Ridge). Cette falaise n’est autre que le Golgotha de Desmond Doss qui fait écho à la falaise de Lynchburg qu’il grimpait si facilement dans son enfance et plus tard avec sa fiancée […]
Rien d’intellectuel, rien de dogmatique dans son choix (celui de Desmond) : ça vient de son ADN spirituel. Cette démarche chrétienne d’un homme de foi qui a mis en pratique son credo et l’amour de son prochain envahit tout le film de Mel Gibson. Son parcours ressemble au chemin de croix du Christ. Finalement, il va à la guerre armé de sa seule foi. Mais une foi à déplacer les montagnes […]
On aimerait avoir plus souvent des biographies filmées de personnages aussi positifs, exemplaires, qui ont poussé le talent qu’ils ont reçu jusqu’au bout en faisant le don total de leur personne. Mel Gibson, cinéaste et homme de foi sans concession, comme son héros, inscrit Tu ne Tueras point en lettres de sang dans le registre des films épiques et chrétiens.
(Bruno de Seguins Pazzis)
Ce sera donc à voir ou à revoir jeudi 26/03 à 20h30 sur France 3.